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Archives de Catégorie: Histoires de genre
dans la hotte de la mère Noël …
Début décembre …vous avez déjà acheté les calendriers de Noël…il y a un mois environ – je dis bien « les », même si vous n’avez qu’un seul enfant, car il a fallu acheter le calendrier qui a « les trop bons chocolats K… », mais aussi le calendrier Playmobil© ou Hello Kitty©
pour les jouets – rien à voir avec les petits bidules en plastiques qu’on accumulait dans le temps, mais qui au final ne servaient à rien. Vous avez aussi cédé aux supplications de votre fille qui a vu le calendrier PetShops© et qui n’aurait pas supporté de ne pas ajouter ces quelques exemplaires aux quelques 130 chiens, chats et oiseaux miniatures qui trônent fièrement sur son bureau. Tant qu’à faire, vous avez ajouté à votre panier le calendrier pour votre chien et/ou votre chat…si, si, ça existe ! Vous-même avez craqué sur le très beau calendrier en bois avec de petits tiroirs, avec la vague idée qu’il pourra resservir l’an prochain. Et comme ça fait plus d’un mois qu’ils sont en magasin, vos enfants ont déjà eu un « calendrier de novembre », donc il vous faut maintenant des calendriers de l’Avent pour attendre Noël. D’ailleurs, hier au goûter, vos enfants ont mangé une galette des Rois …peut-être que vous leur mettrez des œufs de Pâques sous le sapin ?
D’ailleurs, cette année, il y aura peut-être beaucoup moins de paquets sous ce fameux sapin – parce vos pré-ados ont déjà fait leurs liste de Noël, et vous allez devoir changer vos habitudes. Votre fille de 13 ans veut un sac de marque, des chaussures Repetto©, et un Blackberry©. Si vous avez un garçon, le Blackberry© ou l’Iphone© restent les bienvenus, mais des vêtements ne seraient pas mal non plus …même si en fin de compte, le refrain reste souvent le même « t’as qu’à me donner de l’argent, c’est plus pratique ». Attention si vous donnez votre numéro de carte bancaire pour que votre ado télécharge légalement musique ou vidéos – restez à proximité pour jeter un coup d’œil à la somme finale : ce n’est que Noël !
Si vos enfant sont encore à l’école, avec un peu de chance vous pouvez vous diriger vers le magasin de jouets. Direction le rayon des poupées. Confiante, vous pensez qu’au moins, une poupée, vous n’allez pas avoir de mal à la choisir. Détrompez-vous ! Déjà, vous allez avoir du mal à trouver « une poupée » – vous trouverez la poupée vendue avec son parfum – votre petite fille de 4 ans aura donc son flacon dans le coffret, la poupée qui fait pipi et plus, la poupée vendue avec un petit livre qui raconte ses aventures avec sa famille et ses amies – probablement pour les enfants qui manqueraient d’imagination ! Sans oublier …la poupée à allaiter !
Si vous allez dans les poupées mannequin, vous aurez un choix crucial à faire entre deux stéréotypes : d’un côté, vous avez les Barbie© « mode », les « fashionistas » et les « glamour », accompagnées de leurs nouveaux compagnons. Pour celles qui auraient quelques souvenirs d’enfance, apprenez que Barbie et Ken se sont séparés il y a une dizaine d’années, et qu’on peut suivre leurs aventures sur les réseaux sociaux. De l’autre, les Barbie plus classiques : les ballerines, les princesses, les puéricultrices, les infirmières, les vahinées, les hôtesses de l’air…Les deux types de poupées ont toujours des morphologies tout aussi improbables que les ailes ou les pouvoir magiques de leurs compagnes de rayon les Winx©. De nouvelles arrivantes volent cependant un peu la vedette aux poupées traditionnelles : les poupées gothiques, tatouées, piercées, accompagnées de leurs animaux favoris – chauves-souris ou piranhas, par exemple, et de leurs accessoires : qui veut un cercueil miniature ou un tatouage tête de mort ?
Un peu étonnée, vous vous tournez vers les peluches. Là, c’est la technologie qui a envahi le rayon : les chats miaulent – c’est tellement réaliste que dans un village anglais, des habitants sont allés jusqu’à faire appel aux pompiers pour récupérer le pauvre petit chat coincé dans une poubelle de recyclage. Douze heures plus tard, le container transporté vingt kilomètres plus loin pour être ouvert par des spécialistes, on a récupéré…je vous le donne en mille, une petite peluche blanche ! Au moins, le jouet et les piles auront réussi le crash test, donc cette peluche est à conseiller pour les enfants un peu destructeurs …Les chiens aboient et agitent la queue, et la baguette de la fée a transformé la princesse en hamster punk qui roule dans son carrosse magique.
Certains préféreront des jouets « à valeur éducative » : vous trouverez des ordinateurs pour les moins de deux ans, qui leur apprendront à lire, à écrire, à compter, à parler anglais – et ces ordinateurs restent légèrement moins chers que les tablettes tactiles ; dont les fabricants rivalisent d’imagination pour proposer à vos bébés des applications leur permettant de s’en servir comme piano ou comme planche à dessin.
Vos enfants sont peut-être des passionnés de cuisine, de chimie ou d’archéologie – vous trouverez leur bonheur dans les multiples kits de fabrication de bonbons ou de chocolats, dans les orgues à parfums, dans les boîtes de cuisine moléculaire, ou dans les fossiles à déterrer dans des blocs d’argile. Personnellement, je préfère offrir un kit pour fabriquer des bijoux ou des pizzas en pâte à modeler plutôt qu’un mini-aspirateur ou une réplique de ma machine à café – même avec les dosettes et tout l’attirail. Les « presque vrais » semblants me plaisent plus que les faux-semblants.
J’ai découvert aussi qu’il fallait maintenant une boîte de jeu pour jouer à …Un, deux, trois, Soleil ! Je pense me mettre de ce pas à la construction du jeu de société pour jouer à chat, puis pour jouer à la marelle !
Un dernier conseil : offrez à vos enfants ce qu’ils veulent – dans la limite du raisonnable bien sûr – même si ce n’est pas forcément votre tasse de thé. Après tout, vous, le pullover verdâtre qui gratte ou le mixer-blender-shaker- mille fonctions inutiles, ça ne vous a pas fait plaisir, si ? Par contre, le petit bracelet que vous aviez vu dans un magazine dont vous avez soigneusement corné la page et laissé traîner sur le canapé …
c’est bientôt Noël (1ère partie): rose ou bleu ?
Le marketing a beaucoup œuvré à renforcer les stéréotypes de genre ! Après tout, au Moyen-¨Age, le bleu, couleur mariale, était plutôt porté par les femmes, et le rouge, couleur de la guerre et de la force, par les hommes. A partir du XVIème siècle, en partie sous l’influence réformée, le rouge disparaît des habits de l’homme, au profit du plus discret bleu, et rejoins la garde-robe féminine, par exemple pour la robe de mariée jusqu’au XIXème siècle. De là, on obtiendrait une layette bleue pour les garçons et rose pour les filles, pour égayer le blanc original. (Pastoureau, 2004)
Le rose et le bleu, ça ne pose pas tant de problèmes. Beaucoup de petites filles aiment le rose. Mais quelque fois, ça va trop loin, comme quand on trouve dans les rayons des soutiens-gorge pour les petites filles de 2/3 ans.
La plupart des études montrent que les parents offrent des jouets différents à leurs filles ou leurs fils. Une étude (Idle et al, 1993) montre que le comportement d’achat des parents est différent en présence de l’enfant : si l’enfant joue activement avec un jouet qui a priori n’est pas « pour lui », les parents ont une réaction moins stéréotypée. D’autres études montrent que les parents ont davantage tendance à décourager un garçon qui voudrait s’adonner à des activités de fille plutôt qu’une fille qui voudrait pratiquer des activités de garçon. Sandnabba et Ahlberg (1999) suggèrent qu’une peur sous-jacente de l’homosexualité pourrait être à l’origine de ce comportement.
Les pères plus que les mères ont tendance à encourager les activités stéréosexuées chez leurs enfants. (Bussey et Bandura, 1999).
Plusieurs études montrent que vers 18 mois, lorsqu’on propose des jouets « sexués » à des enfants, ceux-ci se dirigent préférentiellement vers ceux de leur genre, et il en est de même lorsqu’on leur montre des images de poupées ou de voitures, par exemple. Cependant, vers l’âge de deux ans, les enfants peuvent aussi s’attribuer des jouets « neutres » ou du sexe opposé. (Rouyer, 2007).
Dès 3 ans, les enfants sont conscients du comportement différentiel des adultes en fonction du sexe de l’enfant. Les enfants sont capables de prédire que les adultes vont plutôt choisir un jouet féminin pour une petite fille et un jouet masculin pour un petit garçon. Cette conscience que les adultes se comportent différemment envers des enfants des deux sexes augmente nettement entre 3 et 5 ans.(Dafflon Novelle, 2002)
L’industrie du jouet et ses distributeurs sont peut-être actuellement ceux qui affichent le plus les stéréotypes de genre, par les couleurs utilisées dans les jouets eux-mêmes et dans les emballages. On remarque d’ailleurs que si le rose dans toutes ses tonalités prédomine pour les jouets « de fille », le rouge et le noir semblent prendre le pas sur le bleu pour les garçons.
Certains magasins essaient d’ailleurs de briser les stéréotypes, comme le fameux magasin de jouets Hamleys à Londres qui en novembre 2011 à la suite d’une campagne féministe lancée par une bloggeuse – ou comme le disent les responsables du magasin, « à cause d’une demande de la clientèle pour une signalétique plus claire », avait bouleversé son organisation traditionnelle d’un étage « filles » signalé en rose et un étage « garçons » en bleu pour une organisation plus « égalitaire » en rouge et blanc….ceci dit, cette non-ségrégation a dû en perturber plus d’un, car celà a de nouveau changé !
Dans les livres d’images destinés aux enfants pré-lecteurs et aux enfants de moins de 6 ans, les personnages masculins restent majoritaires, qu’il s’agisse de personnages animaux anthropomorphiques ou de personnages humains – pour les enfants de 0 à 3 ans, le ratio est de 10 héros pour 1 héroïne. Les personnages restent de plus majoritairement stéréotypés, les femmes étant plutôt représentées à l’intérieur, avec des attributs féminins typiques – long cils ou lèvres bien rouges par exemple, portant des vêtements propices aux rôles domestiques comme le tablier, alors que les hommes sont plutôt à l’extérieur, avec des tenues professionnelles. Les animaux, très présents dans les histoires pour enfants d’âge pré-scolaire, sont également très « sexués » – les animaux puissants comme le loup ou l’ours sont masculins, les souris et les abeilles sont féminins…De plus, DeLoache et al. (1987) ont montré que les mères à qui on demande de raconter une histoire à leur enfant sur la base d’illustrations mettant en scène des animaux asexués les transforment en personnages sexués sur la base des stéréotypes issus des activités exercées ou des postures adoptées par ces animaux. La plupart des personnages deviennent ainsi de sexe masculin, seuls les personnages présentés de manière évidente dans un rôle maternant étant métamorphosés en personnages de sexe féminin. (Dafflon Novelle, 2002)
De plus en plus, on constate l’apparition de livres et d’albums qui se battent contre les stéréotypes, comme par exemple Marre du rose,un album de Nathalie Hense et Ilya Green (Albin Michel Jeunesse) racontant la vie d’une petite fille qui aime s’habiller en noir, et qu’on qualifie de « garçon manqué ».
Quelques extraits : « Maman dit que je suis un garçon manqué. Ça veut dire que je suis comme un garçon, mais pas un garçon quand même.[…] L’autre jour, j’ai vu Auguste qui jouait avec des poupées, il leur cousait des habits. C’était des poupées-garçons, mais coudre, ma mère m’a dit que c’est un truc de fille. J’ai joué avec lui, et du coin de l’œil, je l’ai bien observé. Je n’ai pas trouvé que c’était une fille manquée, une sorte de moi à l’envers. C’était un vrai garçon. Je sais très bien que je suis une fille, moi. Il y a des choses qui ne trompent pas : j’ai une zézette, les cheveux longs, avec des barrettes et des pierres qui brillent. Les pierres, c’est ce que je préfère…et les fossiles, et les dinosaures…[…] Alors à la maison, j’ai demandé pourquoi les filles ne peuvent pas aimer les choses de garçons, et les garçons des choses de filles. On m’a répondu c’est comme ça. Les réponses en l’air, c’est pas des réponses. Parce que moi, je trouve que je suis une fille réussie, même si je n’aime pas le rose. Ça m’est égal…On n’est pas obligé.»
Après avoir tenté l’expérience en Moyenne Section de Maternelle, le pouvoir de l’histoire n’est pas concluant – parmi cinq enfants, c’est un garçon qui m’a demandé de relire trois fois le livre, et une fille qui m’a dit « c’est pas une vraie fille, moi j’aime les robes de princesses ».
L’imaginaire enfantin, et surtout celui des filles reste avant tout fait de contes de fées traditionnels, et d’héroïnes de Disney, donc de jolies princesses et de princes charmants. Et c’est ainsi qu’on obtient de jolies paroles d’enfant …
Parole d’enfant
En robe de chambre longue, Audeline (20 mois) soulève les deux côtés et danse « comme Cendrillon ». Elle perd une pantoufle, et à Maman qui lui demande qui est le Prince Charmant, répond « Papa ! »
Histoire de vie, histoire de genre…
L’identité de genre chez l’enfant se construit par l’interaction de trois dimensions : le sexe biologique, le milieu social dans lequel l’enfant naît et la représentation personnelle qu’a l’enfant de lui-même, ou comment il va intégrer les autres dimensions dans son développement. Au tout début, les embryons mâles et femelles sont identiques : les testicules des garçons apparaissent à partir de la 6ème semaine, les ovaires des filles à partir de la 10ème semaine seulement. Les parents, les pairs, et la société en général aident l’enfant à se définir en tant que garçon ou fille.
Une étude d’Intons-Peterson et Reddel (1984) a étudié les questions posées aux parents annonçant par téléphone à leur famille ou à des amis la naissance d’un enfant. Dans 80% des cas, la première question posée était pour demander le sexe de l’enfant…
Parole de parent :
« – Pourquoi vous n’avez jamais voulu dire si c’était un garçon ou une fille ?
– Je t’explique, parce que j’ai des gens qui m’ont dit j’attends un garçon ou une fille machin et je trouve que quand la naissance arrive il n’y a plus la magie de l’enfant qui arrive – quand on sait et que la date est fixée parce que c’est une césarienne, bah, il y a la naissance et voilà quoi
En France, on peut distinguer le sexe du fœtus à l’échographie autour de la 12ème semaine dans la majorité des cas. En Inde, une loi interdit aux médecins de révéler le sexe du fœtus aux parents, pour éviter des avortements de fœtus masculins. La plupart des parents veulent savoir :
Parole de parent
« – à chaque échographie j’ai insisté pour qu’on ait les deux prénoms, parce que avant ma naissance, Maman …l’écho n’existait pas, elle en a pas eu, et mon père était sûr que c’était un garçon qu’il appellerait Lucas, elle avait eu le pendule – c’est un garçon, le ventre en avant – c’est un garçon, et puis juste avant la naissance Maman lui a dit « et si c’est une fille, est-ce qu’on peut l’appeler Danuta ? » et mon père a pas fait trop attention il a dit oui oui… »
Et certains préfèrent quand même avoir la surprise :
Parole de parent
« – la dernière fois qu’on s’est vues, tu ne savais pas si c’était un garçon ou une fille…
– oui, on voulait la surprise. […]
Plusieurs études montrent que les adultes – et les parents en particulier attribuent des stéréotypes aux nourrissons. Ainsi, une étude de Karraker (1995) menée sur 40 couples de parents de filles ou de garçons demandait aux parents d’évaluer leurs enfants sur plusieurs échelles – la force physique, la finesse des traits, la robustesse et la féminité/masculinité. Malgré la ressemblance des nourrissons, les parents – ici pères et mères confondus – ont répondu que les bébés filles étaient plus faibles, avaient des traits plus fins, étaient plus délicates et plus féminines…
Personnellement,quand on m’envoie des photos, j’aurais du mal à dire la différence si on ne me l’avait pas annoncé avant…
Un bébé sans genre ?
Au mois de mai dernier, les journaux anglais ont publié le « cas Storm ». Storm, quatre mois, est le troisième enfant d’une famille de Toronto, après deux garçons, Jazz, cinq ans, avec des couettes, une boucle d’oreille rose et des robes roses à paillettes, et Kio, deux ans, avec des cheveux mi-long et des leggings. Ils ont décidé d’élever leur troisième enfant comme « genderless » – « sans genre » jusqu’à ce qu’il soit en âge de « choisir », et à part les deux sages-femmes et les deux frères du bébé, personne ne sait si c’est un garçon ou une fille. Même les grands-parents ont reçu un faire-part «nous avons décidé de ne pas révéler le sexe de Storm pour le moment – un hommage à la liberté et au choix. » Le couple souhaite laisser l’enfant « découvrir par lui-même ce qu’il veut être » et le père déclare « nous avons remarqué que les parents prennent beaucoup trop de décisions pour leurs enfants – c’est odieux ! » La mère déclare: « que le monde entier sache ce qu’il y a entre les jambes du bébé est malsain, dangereux et voyeuriste. ». Le bébé est habillé en rouge et utilisent le pronom « she » (elle) mais « avec le ‘s’ entre parenthèses ».
Le Dr Beresin, psychiatre, explique qu’ « élever un enfant ni comme une fille ni comme un garçon crée en quelque sorte un monstre. Cela prépare le terrain pour des troubles identitaires ». Un autre psychiatre américain, le Dr Koplewicz, trouve ce comportement inquiétant et particulièrement délétère pour les deux autres enfants obligés de garder le secret. En 2009, un couple suédois avait déjà annoncé qu’ils élevaient leur enfant de deux ans, Pop, comme « neutre ». (Leonard, 2011) et en 2012, les médias britanniques révèlent également un cas en Angleterre, suite à la publication par la mère d’une vidéo de l’enfant sur Youtube. (Greenhill, 2012).
C’est encore la rentrée…bienvenue en maternelle
La maternelle Egalia, en Suède, a décidé de se joindre aux efforts du pays pour encourager l’égalité des sexes dès l’enfance. Cette école publique de Stockholm a choisi de n’utiliser que des jouets « neutres ». Les enfants – filles et garçons – jouent avec une cuisine placée juste à côté des briques de construction et des Legos pour ne pas que les enfants « compartimentent » les activités.
Quasiment tous les livres d’images parlent de couples de parents homosexuels, de parents seuls ou d’enfants adoptés, il n’y a pas de contes de fées. La directrice explique que le personnel cherche à encourager l’ouverture d’esprit chez les enfants « par exemple, concrètement, quand ils jouent au papa et à la maman et que le rôle de la maman est déjà pris, et qu’ils commencent à se disputer, on leur suggère deux mamans ou trois mamans, etc… » .Le personnel n’utilise pas les pronoms « il » ou « elle » (‘han’ ou ‘hon’) mais le pronom neutre ‘hen’.
Il y a apparemment une longue liste d’attente pour l’entrée à Egalia.[1]
. “Le monde réel les attend à la sortie de l’école. On ne peut pas détacher les gens de la réalité”, affirme la psychologue Linda Blair. La méthode suédoise fait également sourire Philip Hwang, professeur de psychologie à l’université de Göteborg [dans l’ouest de la Suède] et auteur de plusieurs études approfondies sur le développement de l’enfant. “Je ne pense pas que ça puisse être mauvais, mais c’est pour le moins naïf. En un sens, c’est typiquement suédois. Les Suédois ont tendance à penser que, s’ils institutionnalisent quelque chose, le changement se fera de façon automatique. Mais, lorsqu’il s’agit de questions profondément ancrées dans notre culture, il faut des générations pour que les effets perdurent.” (Hebblethwaite, 2011)
Depuis 2009, une crèche s’inspirant de ce projet a ouvert en France à Saint-Ouen et en septembre 2011, une autre a ouvert à Noisy-le-Sec. L’équipe pédagogique a été formée par un spécialiste suédois. La directrice de la crèche de Saint-Ouen déclare : « Notre objectif est de développer toutes leurs compétences, sans distinction de sexe : parole, sensibilité, courage, confiance en soi, autorité… » (Mauger, 2011)
En pratique
Dans une école que je fréquente, en moyenne section de maternelle, il y a des contes de fées, une cuisine, des Kapla, des Legos. La salle n’est pas immense, donc le tout est forcément plus ou moins mélangé ! Côté vêtements et cartables, le rose pour les filles reste prédominant.
J’ai pu constater que les stéréotypes de genre sont déjà très prégnants; dans les panneaux dictés par les enfants, l’ogre aime manger, c’est un garçon; la sorcière est cuisinière, c’est une fille – par contre, elle a 20 ans ou 60 ans, le stéréotype de l’âge paraît moins tenace que celui de genre…
Et pourtant, cela n’empêchent pas garçons et filles de jouer ensemble au papa et à la maman dans la cuisine. D’ailleurs, un des garçons m’a dit « c’est les garçons qui font la cuisine, pas les mamans ». En effet, les garçons préparent le dîner …pendant que la petite fille s’occupe du bébé et de repasser le linge.
Mais celui qui a pris en pitié le baigneur laissé tout nu, c’est bien le garçon !
[1] Article « You’re all equal here : Swedish school bans « him » and « her » in bid to stop children falling into gender stereotypes », Daily Mail, 06/2011.