C’est l’histoire de Schéherazade et de Peter Pan…Il était une fois un enfant de 11 ans, aîné d’une famille de trois enfants. Un enfant perdu dans la forêt des Mureaux dans le 93, un enfant balloté de foyers en foyers, de maternelles en écoles, un enfant qu’on finit par qualifier d’enfant « irrécupérable ». En effet, comment s’occuper d’un enfant placé à la demande de sa mère à cause de sa violence ? Un enfant devenu « insupportable » pour sa propre mère, qui garde les trois plus jeunes avec elle. Comment prendre soin d’un enfant qui est renvoyé de tous les établissements scolaires, car il agresse tout le monde, il frappe ses pairs, il ne reste pas assis, ne peut pas se concentrer, un enfant épris de liberté qui court, qui crie, qui volerait s’il le pouvait … Alors, cet enfant est confié à une famille d’accueil par l’Institut thérapeutique Educatif et pédagogique dont il dépend, l’institut « de la dernière chance », qui à son tour le confie à une famille d’accueil. Cet enfant renvoyé de son internat arrive chez Schehérazade, dans un foyer où se trouve déjà un enfant accueilli, Adis, du même âge et la fille de Schéhérazade, 12 ans. Au début, ce n’est pas facile pour le nouveau – un nouveau changement d’école, se réadapter à une vie en famille…et pourtant, l’enfant perdu, l’enfant « insupportable » retrouve peu à peu une stabilité. Au début, il se colle à Schéhérazade ; impossible de la quitter, de se séparer à nouveau ; aller à l’école est une nouvelle fissure dans un échafaudage déjà branlant – alors, à l’école, au foot, l’enfant reste un peu, prend sur lui, mais très vite, il faut qu’il retourne à Schéhérazade, qu’il a très vite adopté. Chez elle, l’enfant est sage – il joue avec sa sœur d’accueil, met la table, range sa chambre, s’acclimate. Il apprend à lire – en un an, il accède à ce monde de l’écrit – la carapace se fissure peu à peu, on peut imaginer que ce nouveau climat de confiance lui permet de nouveau l’accès au langage écrit. Malheureusement, à l’école, il lui est toujours impossible de se concentrer, et une fois de plus, on se débarrasse de lui. Schéhérazade l’a donc avec elle, tout le jour durant, toute la nuit aussi …Schéhérazade, qui ne voulait surtout pas accueillir un bébé, ni un adolescent, se retrouve avec un enfant qui comme un bébé a besoin d’elle pour survivre, et comme un adolescent s’oppose pour grandir. De plus, pour Schéhérazade, l’éducation, c’est très important. Elle n’accueille que des enfants qui ont une intelligence « normale » …alors, Schéhérazade puise dans ses ressources, mais ses ressources s’épuisent …au bout d’un mois, cet enfant lui devient « insupportable », comme elle le dit et le répète ; et de cet enfant devenu insupportable …elle se débarrasse – après tout, elle n’est qu’assistante familiale, pas super woman. L’enfant ne veut pas partir …mais il n’a pas le choix …alors, pour son dernier jour…il confectionne avec son éducatrice une galette des rois, qu’il emballe soigneusement dans un emballage qu’il fabrique lui-même, et recouvre de photos, puis qu’il offre à celle qu’il avait choisi pour reine…Peter Pan retourne au Pays des enfants perdus ….