C’est encore la rentrée…bienvenue en maternelle

La maternelle Egalia, en Suède, a décidé de se joindre aux efforts du pays pour encourager l’égalité des sexes dès l’enfance. Cette école publique de Stockholm a choisi de n’utiliser que des jouets « neutres ». Les enfants – filles et garçons –  jouent avec une cuisine placée juste à côté des briques de construction et des Legos pour ne pas que les enfants « compartimentent » les activités.

Quasiment tous les livres d’images parlent de couples de parents homosexuels, de parents seuls ou d’enfants adoptés, il n’y a pas de contes de fées. La directrice explique que le personnel cherche à encourager l’ouverture d’esprit chez les enfants « par exemple, concrètement, quand ils jouent au papa et à la maman et que le rôle de la maman est déjà pris, et qu’ils commencent à se disputer, on leur suggère deux mamans ou trois mamans, etc… » .Le personnel n’utilise pas les pronoms « il » ou « elle » (‘han’ ou ‘hon’) mais le pronom neutre ‘hen’.

Il y a apparemment une longue liste d’attente pour l’entrée à Egalia.[1]

. “Le monde réel les attend à la sortie de l’école. On ne peut pas détacher les gens de la réalité”, affirme la psychologue Linda Blair. La méthode suédoise fait également sourire Philip Hwang, professeur de psychologie à l’université de Göteborg [dans l’ouest de la Suède] et auteur de plusieurs études approfondies sur le développement de l’enfant. “Je ne pense pas que ça puisse être mauvais, mais c’est pour le moins naïf. En un sens, c’est typiquement suédois. Les Suédois ont tendance à penser que, s’ils institutionnalisent quelque chose, le changement se fera de façon automatique. Mais, lorsqu’il s’agit de questions profondément ancrées dans notre culture, il faut des générations pour que les effets perdurent.” (Hebblethwaite, 2011)

Depuis 2009, une crèche s’inspirant de ce projet a ouvert en France à Saint-Ouen et en septembre 2011, une autre a ouvert à Noisy-le-Sec. L’équipe pédagogique a été formée par un spécialiste suédois. La directrice de la crèche de Saint-Ouen déclare : « Notre objectif est de développer toutes leurs compétences, sans distinction de sexe : parole, sensibilité, courage, confiance en soi, autorité… » (Mauger, 2011)

En pratique

Dans une école que je fréquente, en moyenne section de maternelle, il y a des contes de fées, une cuisine, des Kapla, des Legos. La salle n’est pas immense, donc le tout est forcément plus ou moins mélangé ! Côté vêtements et cartables, le rose pour les filles reste prédominant.

J’ai pu constater que les stéréotypes de genre sont déjà très prégnants; dans les panneaux dictés par les enfants, l’ogre aime manger, c’est un garçon; la sorcière est cuisinière, c’est une fille – par contre, elle a 20 ans ou 60 ans, le stéréotype de l’âge paraît moins tenace que celui de genre…

Et pourtant, cela n’empêchent pas garçons et filles de jouer ensemble au papa et à la maman dans la cuisine. D’ailleurs, un des garçons m’a dit « c’est les garçons qui font la cuisine, pas les mamans ». En effet, les garçons préparent le dîner …pendant que la petite fille s’occupe du bébé et de repasser le linge.

Mais celui qui a pris en pitié le  baigneur laissé tout nu, c’est bien le garçon !



[1] Article « You’re all equal here : Swedish school bans « him » and « her » in bid to stop children falling into gender stereotypes », Daily Mail, 06/2011.

Anorexie chez les enfants – pas seulement un titre choc de la presse féminine, mais un véritable problème

grandir ou « s’élargir » …

Les médias, et en particulier la presse féminine, s’emparent d’un sujet grave sur lequel les spécialistes de l’enfance se penchent déjà depuis un certain temps. Je vous livre ici quelques données cliniques sur le phénomène.

On associe souvent les troubles du comportement alimentaire, et en particulier l’anorexie, à l’adolescence des jeunes filles, puisque c’est chez les femmes entre 15 et 35 ans qu’on trouve la majorité des cas de TCA. Or ces troubles sont de plus en plus précoces, en particulier dans les sociétés occidentales. Les médecins sont confrontés à des enfants en « phase de latence » (6-12 ans) qui souffrent de TCA.

Les critères diagnostiques de l’anorexie infantile sont quasiment les mêmes chez l’enfant que chez l’adolescent, à l’exception bien sûr de l’aménorrhée présenté par les jeunes filles anorexiques pubères.

On prend donc en compte comme critères :

–         le refus de maintenir le poids au niveau du poids minimum normal pour l’âge et la taille

–         la peur intense de prendre du poids ou de devenir gros alors que le poids est inférieur à la normale

–         l’altération de la perception du poids ou de l’image de son propre corps, avec influence excessive du poids ou de la forme corporelle sur l’estime de soi et déni de la gravité de la situation.[1]

l’amaigrissement peut être plus rapide que chez les adolescents plus âgés, car le taux de masse grasse des enfants et faible et ils peuvent perdre près d’un kilo par semaine. Cependant, la perte de poids n’est pas forcément un objectif verbalisé. Les préoccupations de l’enfant tournent davantage au départ sur des maux physiques – des difficultés à avaler, des douleurs abdominales, des sensations nauséeuses. Par contre, les comportements peuvent alerter les parents : l’enfant ne veut pas acheter de vêtements plus grands, ou se regarde souvent dans la glace par exemple. Cependant, certains enfants ont la même aspiration de la minceur que les adolescents, et l’exprime alors sous une forme enfantine « je ne veux pas m’élargir ».

Chez les garçons, l’amaigrissement est plus important, même avec un IMC de départ plus élevé, et les préoccupations tournent plutôt autour de la taille et de la musculature.

Le comportement alimentaire en lui-même de ces pré-adolescents anorexique diffère de celui de leurs aînés par plusieurs points. Tout d’abord, des comportements comme la préparation de repas pour les autres membres de la famille, la lecture de livres sur la nutrition, le choix des courses sont du fait de l’âge des malades quasi inexistants. Il y a également peu de vomissements provoqués et de prise de laxatifs, du moins dans les premières années de la maladie, l’anorexie se présente surtout sous la forme restrictive.

De plus, la prise alimentaire ne se focalise pas sur la restriction calorique mais plutôt sur la restriction des quantités – facilitée à la cantine scolaire par la présence des camarades qui peuvent partager le repas – et des apports hydriques. Les apports hydriques eux-mêmes sont restreints, car l’enfant est sensible à la notion corporelle de remplissage et de lourdeur, et recherche avant tout le vide.

Comme leurs aînés, ils présentent des comportements rigides et stéréotypés, et plus le patient est jeune et plus il fait preuve de rigidité et de perfectionnisme. Une hyperactivité physique est souvent associée, en particulier dans des sports qui demandent beaucoup d’implication et qui ont une exigence d’esthétique corporelle de la maigreur, comme la danse classique ou la gymnastique. Ainsi, Davison ( 2002) a montré dans des études que les jeunes pratiquantes de sports à visée esthétique s’inquiétaient de leur poids dès l’âge de 5 ans, et surtout à l’âge de 7 ans. On observe également chez la plupart d’entre eux une hyperactivité intellectuelle, présente souvent avant l’apparition des premiers symptômes.

A la restriction alimentaire peuvent s’ajouter d’autres symptômes visant à apaiser l’angoisse : des besoins compulsifs de se laver, de ranger, des prises de risques, des comportements auto- agressifs (grattage frénétique de croûtes de cicatrices, de boutons, arrachage de cheveux…), ou hétéro-agressifs. L’enfant a souvent des idées tristes, voire suicidaires et une faible estime de lui-même.


[1] Le Heuzey, M-F., Les troubles du comportement alimentaire chez les 6-12 ans, www.anorexie-et-boulimie.fr, 10/2011.

Un peu de lecture

En cette période de rentrée, je vous recommande la lecture de mon ouvrage  On ne badine pas avec les ados

 

 

 

« Ouvrage d’étude sur une génération en quête de repères, photographie des comportements et schémas de pensée des préadolescents et adolescents, ce livre expose sur un ton à la fois académique et humoristique les situations auxquelles sont confrontées les enfants et les adolescents, les dilemmes auxquels les parents se retrouvent parfois confrontés et offre des suggestions utiles au développement culturel et social des adolescents. Anne-Bénédicte Damon souligne la volonté tant des adultes que des enfants de transmission intergénérationnelle et le désir d’apprendre. »

« A travers un voyage dans la culture que le monde actuel offre à nos enfants et adolescents, nous allons explorer différents domaines d’apprentissage et envisager des perspectives de développement de leurs capacités. Nous voulons tous les aider à « réussir leur vie ». « Notre but à nous, adultes, parents, enseignants et éducateurs, est de les aider à croître. C’est aussi de l’aider à croire, à croire en lui-même, à croire en l’avenir, à croire en ses rêves »

 

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